Articles les plus consultés

lundi 9 mars 2015

Istanbul Obélisque de Thoumosis III


Bonjour,

Obélisque de Thoumosis III : de Karnak à Constantinople

Rivalisant d’élégance avec les minarets de la Mosquée Bleue dans le ciel d’Istanbul,
 l’obélisque dit “de Théodose” - nom donné à l'obélisque égyptien de Thoutmôsis III - 
 est implanté au coeur d’At Meydani, la “Place aux Chevaux” 
qui,  depuis 1204, ne sert plus d’hippodrome.
Ce monolithe, merveille de l’art égyptien, n’a rien à voir avec un second 
obélisque de 32 mètres de haut que l’on peut voir à proximité,
 mais qui n’est pas de provenance égyptienne.




 Érigé sous l’empereur Constantin (IVe siècle), il a été construit avec des blocs de pierre. 
 D’où son appellation d’ “obélisque muré”.
À l'origine, l'obélisque de Thoutmôsis III était érigé devant 
le massif ouest du VIIe pylône du grand temple de Karnak. Il fut transporté
 à Alexandrie sous Constance II (empereur de 337 à 361), en même temps que 
 l'obélisque maintenant érigé place du Latran, à Rome.
 Il dut attendre le règne de Théodose Ier le Grand (empereur de 379 à 395)
 pour être finalement transporté à Constantinople, où il fut réérigé en 390,
 par le préfet Proclus, sur la ‘spina’ de l'hippodrome.
“Alors qu’autrefois j’opposais de la résistance, précise une inscription 
(en latin) sur le piédestal, on me donna l’ordre d’obéir à des maîtres sereins 
et de porter leur palme, une fois les tyrans vaincus.
 Tout cède à Théodose et à sa descendance éternelle.
 C’est ainsi que, moi, j’ai été dompté et vaincu 
en trois fois dix jours et élevé vers le sommet de l’air, sous le gouverneur Proclus.”
“Cette colonne à quatre côtés qui gisait à terre, lit-on sur une autre 
inscription (en grec), seul l'empereur Théodose osa en relever le fardeau ;
 Proclos fut invité à exécuter son ordre ;
 et cette grande colonne se dressa en trente-deux jours.”
Érigé sur quatre cubes de bronze posés sur une base de blocs 
hétéroclites de calcaire et de granit, l’obélisque est incomplet ;
 il ne représente en effet, avec ses 19,59 m actuels,
 que la partie supérieure du monolithe d'origine, 
 qui mesurait 28,98 m. La partie inférieure n'a jamais été retrouvée.



Quand et comment l’obélisque d’origine a-t-il donc été brisé ? 
Au cours de son abattage avant son transport ? Une étude de Claude Traunecker, 
démontrant qu’il n’y a sur place aucun bloc susceptible d’appartenir
 à l’obélisque occidental du VIIe pylône, exclut cette hypothèse.

Alors, en cours de transport ?
Un texte ancien, précisent Michel Azim et Jean-Claude Golvin, 
“rapporte une tradition selon laquelle le bateau transportant l'obélisque 
depuis Alexandrie aurait été jeté à la côte près d'Athènes par la tempête,
 et l'on peut être tenté de voir là une occasion où le monolithe aurait pu se rompre ;
 mais rien de tangible ne permet d'affirmer
 qu'il ait été brisé avant son arrivée à destination.”
Puis de poursuivre : ”Une autre tradition ancienne veut que cet obélisque 
ait d'abord été dressé dans le ‘strategium’,
 puis déplacé et érigé à nouveau à son emplacement actuel.
 Mais il paraît curieux qu'en un laps de temps relativement court de vingt-sept ans au plus, 
 on ait transporté l'obélisque depuis Alexandrie et répété deux fois 
 l'énorme entreprise de son érection. (...) 
Les deux inscriptions gravées  sur la base du monolithe à Istanbul 
suggèrent quant à elles que l'obélisque est resté longtemps 
 au sol avant de pouvoir être élevé, ce qui placerait son transport bien avant 390.
 Le texte latin laisse nettement penser dans sa première ligne 
 que des tentatives malheureuses ont été effectuées
 pour dresser l'obélisque avant qu'on y parvienne en 390 :
 et c'est là que les apparentes contradictions
entre les textes anciens peuvent être effacées, 
 si l'on admet que l'obélisque a été brisé à Constantinople
 au cours de tentatives d'érection manquées, 
 et que ses deux parties ont été dressées à des emplacements différents,
 la partie inférieure sur le ‘strategium’, et l'autre sur l'hippodrome.
 Mais ce n'est là, sans informations nouvelles, que pure conjecture. 
 Dans tous les cas, il semble bien que la partie manquante
 soit effectivement arrivée à Constantinople.”

Les inscriptions sur les quatre faces du monolithe 
célèbrent les victoires de Thoutmôsis III 
sur les rives de l'Euphrate (vers -1450).

Quant au piédestal, construit à l’époque de l’érection de l’obélisque,
 il est richement orné de bas-reliefs.
 Sur la face est, on y voit Théodose dans sa loge impériale,
 présentant une couronne de laurier au vainqueur d’une course,
 dans un décor d’arcades et de colonnes corinthiennes,
 en présence de danseurs et de musiciens.
En 1204, l’obélisque sera utilisé pour l’exécution d’Alexis V Doukas,
 dit Murtzuphle aux gros sourcils.

Cet empereur byzantin, avide de pouvoir et usurpateur du trône, 
 étrangle de ses propres mains le jeune coempereur Alexis IV Ange, 
 en faisant ensuite meurtrir son corps à cours de massue pour faire croire à une chute.
 Déchu, il sera condamné à “avoir les os brisés,
 comme il les avait brisés au jeune Alexis”.
 On le fait monter au sommet de l'obélisque,
 où on l'attache à une planche avant de le précipiter dans le vide.
Une bien sinistre utilisation d’un monument qui, 
dans l’architecture sacrée de l’Égypte antique,
 avait une fonction autrement plus “lumineuse” !
 Texte de Marc Chartier

Merci de vos passages et
à tout soudain ! ! 














Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire